L'ombre du soir s'épanouit peu à peu,
S'étale sur mon coeur et recouvre mon âme,
Enfle, et je résiste comme je peux
A cette vague menaçante comme une lame.
Pourquoi cette noirceur ne serait-elle pas
Les prémices d'un beau et doux rêve ?
Pourquoi faut-il toujours que du jour le trépas
Trouble mon esprit et me hante sans trêve ?
Me sentir peu à peu envahie par l'angoisse,
Qui me colle à la peau et me remplit l'être,
Et ne pouvoir rien faire contre cette poisse,
Malgré tous mes efforts pour la faire disparaître.
Il ne faut pas sombrer, il faut lutter encore
Resté éveillée, ne pas glisser dans la torpeur,
Ne pas laisser l'absurde envahir mon corps,
Tenir bon, ne pas basculer dans l'horreur.
Et puis doucement, la nuit enfin installée,
Sortir, à la faveur de l'ambiance du foyer
De cette main étrange qui sur moi étalée
Semblait sournoisement vouloir me broyer.